Deux livres, deux auteurs, deux musiciens !
Les forêts de Ravel, de Michel Bernard ( La Table Ronde)
Mars 1916. Ravel est engagé volontaire, conducteur d’ambulance. Le récit le suit pas à pas « dans » la guerre, et dans son difficile retour à la vie civile.
//… Ravel avait négligé les partitions que quelqu’un avait disposées sur le pupitre du piano. Comme la veille, il jouait par coeur. Un infirmier, sans doute musicien lui aussi, chuchotait au fur et à mesure, à l’intention de son entourage, mais pour lui-même surtout, le nom des compositeurs qu’il reconnaissait. »Chopin…Chabrier…Fauré… » Au dernier, le connaisseur resta muet, puis d’une voix encore plus basse, à peine perceptible: »ça, je ne sais pas…c’est peut-être de lui… ». C’était une musique délicieuse, apparemment très simple et incroyablement raffinée. Joyeuse et doulouresue à la fois sans qu’il soit possible de dire laquelle dans ces harmonies était joyeuse, laquelle était douloureuse, elle ne ressemblait à rien de connu….// ( extrait p 76/77-la petite vermillon)
Un été à quatre mains, de Gaëlle Josse ( ateliers henry dougier)
Du printemps à l’automne de 1824, quelques mois dans la vie de Franz Schubert. Et la découverte de l’âme soeur, de l’Amour impossible. Il a vingt-sept ans et va mourir quelques années plus tard, en 1828, à trente et un ans.
« parfois, il suffit de quelques jours pour dire toute une vie » … c’est ce que Gaëlle Josse explore dans ce roman..
// Il essaie le clavier. Toucher léger, sonorité ronde et chaude, ample. Il en pleurerait, lui qui, d’un logement à l’autre, n’a pas toujours eu même un méchant pianoforte sous les doigts. Le grand piano est installé près des fenêtres, il peut voir d’ici un vent léger qui agite le haut des branches, et un soleil encore acide a commencé à envahir la pièce. Sous ses doigts la musique arrive, il n’a qu’à fermer les yeux et la laisser descendre, l’accueillir comme elle vient. Lorsqu’il s’arrête, un sourire d’enfant monte à ses lèvres …// ( extrait p 32-33)