Grandet est le prince des avares : il jouit en secret de son or tandis qu’il tyrannise sa famille ( atteignant à la cruauté) en l’entretenant dans la pauvreté. Mais c’est aussi un héros de la finance, un spéculateur moderne. Seul point faible dans ce caractère de bronze : l’amour pour sa fille.
Le drame se noue entre le père et la fille dont les volontés s’affrontent. L’argent, puissance, s’oppose à l’amour, sentiment. En effet, amoureuse de son cousin Charles, jeune élégant ambitieux, Eugénie est prise entre passion et amour paternel, désir et devoir. C’est l’argent qui triomphe et non plus pour le père Grandet mais, triste fatalité, pour sa fille Eugénie qui demandait autre chose à la vie et voit ses sentiments pervertis par l’avidité des hommes. L’argent amassé par son père ne lui fera pas épouser son ambitieux cousin. Et celui-ci sera aussi le grand vaincu du roman : il épousera, pour de l’argent, Melle d’Aubrion et trahira l’amour juré à Eugénie qui sera plus riche héritère que sa future femme !
Eugénie Grandet est le grand roman de l’argent qui corrompt tout. Satire des mœurs de province, cette comédie noire est aussi l’histoire et la destinée tragique d’une femme sincère et fidèle, dans un monde qui ne l’est pas.