Ce livre a été pour la première fois édité, sous le pseudonyme de Jean Douassot, par Maurice Nadeau chez Julliard en 1958 ; d’autres éditions ont suivi (Eric Losfeld, 1970 – André Dimanche, 1999),jusqu’à ce que les éditions Le temps qu’il fait ne décide de le rééditer ainsi que d’autres textes.
« S’il est pénible d’entrer dans ce livre, il n’est pas non plus facile d’en sortir. L’auteur nous a subjugués, envoûtés, et, au vrai, je le dis sans goût pour les paradoxes faciles, c’est peu de huit cents pages pour parvenir à un tel résultat. D’autres n’y seraient pas parvenus en trois mille, et beaucoup par leur œuvre entier. Jean Douassot a découvert une planète que nous pensions connaître : le monde du sexe et de l’organique, ou le monde réduit à ses soubassements sexuels et organiques, alors que nous en ignorions la minutieuse topographie. Pour dresser celle-ci il fallait sans doute un géographe, il fallait surtout un poète pour conduire le géographe. L’auteur s’est laissé mener par l’enfant qu’il a sans doute été et c’est pourquoi La Gana baigne tout entière dans cette poésie cruelle et violente qui est celle de l’enfance aux prises avec des mystères trop grands pour elle. Cette poésie transforme le sordide en objet d’art. Elle permet de substituer au dégoût ou à l’apitoiement facile la révolte. Elle entraîne un ouvrage qui aurait pu n’être que remarquable, et en marge, dans les grandes eaux d’une littérature qui aide à vivre. »
(Maurice Nadeau, extrait de la préface)