La rue pour un seul

Titre
La rue pour un seul
Editeur
Editions Flohic
Date de parution
1991
Genre
Art - Récit

 

Livre édité par Flohic dans leur très belle collection « Musées Secrets ». Cette collection avec une large iconographie proposait à un écrivain d’écrire sur les oeuvres d’un artiste.

« Giacometti n’a cessé de sculpter la solitude. Chaque être est un résidu léger remis sur le socle lourd. Quelque chose l’empêche de voler. Quelque chose le retient pour en faire le témoin non d’une vie, mais de l’éternité. Et tous ces êtres rappellent l’absence. Un temps infini a travaillé la glaise /…/ Ces visages invisibles sont ceux de corps voûtés avançant dans la nuit en nous enfouie. Ils sont faits dans l’esquisse de la lumière. Les gestes de l’incertitude et de l’hésitation deviennent peinture. Les portraits sont une pause dans le respect de la poussière, entre le bronze et le plâtre, un moment bref où les couleurs envahissent le corps pour démentir l’angoisse et narguer la mort. » ( 4ème de couverture des Editions Flohic, 1991 et 1995)

 

Ré-édition Gallimard, 2006.

«Il existe dans la médina de Fès une rue si étroite qu’on l’appelle « la rue d’un seul ». Elle est la ligne d’entrée du labyrinthe, longue et sombre. Les murs des maisons ont l’air de se toucher vers le haut. On peut passer d’une terrasse à l’autre sans effort.[…]
En observant les statues de Giacometti, j’ai su qu’elles ont été faites, minces et longues, pour traverser cette rue et même s’y croiser sans peine. Il me semble même les avoir rencontrées, alors enfant. Le chien en bronze, si long, si maigre, rasait les murs, comme on dit, avec son horizontalité rigide et interminable, pendant qu’un homme filiforme marchait, la tête dépassant les terrasses, éclairées par une lumière forte.
« La rue d’un seul » est devenue, grâce à Giacometti, la rue pour plusieurs et les animaux pouvaient, paresseusement, la longer comme un fil entre deux points inconnus.»
Tahar Ben Jelloun.

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Tahar Ben Jelloun exprime son émotion face aux oeuvres, ; que font elles surgir en nous loin dans l’ordre de l’émotion et de la mémoire ? que disent elles de notre humanité ?  Et Tahar Ben Jelloun part, dans la rue, retrouver, sur le visage vivant des gens, la vérité des visages sculptés par Giacometti.

Un essai libre où l’auteur traduit sa vision intime d’une œuvre mondialement célébrée. Magnifique !