« Laissez-moi souffrir, laissez-moi guérir, laissez-moi seule. Ne croyez pas que m’offrir l’amitié pour remplacer l’amour puisse m’être un baume ; c’en sera peut-être un quand je n’aurai plus mal. Mais j’ai mal ; et, quand j’ai mal, je m’éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l’épaule et ne m’accompagnez pas de loin. Laissez-moi. »
De retour au sanatorium dont elle ne reviendra peut-être pas, une jeune femme trouve la lettre de rupture, ou plutôt de congé de son amant. Alors, elle écrit ces pages, qui ne sont pas une réponse destinée à être envoyée, mais bien un « commentaire » sur la genèse et la fin d’un amour.
Encensé de toutes parts dès sa première parution – confidentielle – en 1933, peu de mois avant la mort de Marcelle Sauvageot ( d’abord sous le titre de Commentaire), ce court texte frappe par sa modernité, l’implacable lucidité de l’analyse, la sérénité au sein de l’ironie, de la perte des illusions.
Révéré par Crevel, Claudel, Chardonne, Brasillach, Valéry, Clara Malraux – entre autres !–, Laissez-moi trouvera enfin le succès qu’il méritait à sa réédition chez Phébus en 2004.