Une ténébreuse affaire

Titre
Une ténébreuse affaire
Editeur
Gallimard, Folio ( 1ere parution 1973)
Date de parution
1841
Genre
Histoire - Roman

«Une analyse politique supérieure à tout ce qu’on peut citer dans la littérature» (Alain), «l’histoire en déshabillé» du Consulat et de l’Empire, un complot de Fouché, Napoléon à Iéna et le premier roman policier de la littérature française.

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Ce roman allie La Grande Histoire ( puisque Balzac, fasciné par le personnage de Fouché, base son roman sur une affaire réelle liée à la haute Police de l’époque et non vraiment élucidée)  à la fiction, pour en faire un formidable roman policier et d’espionnage, à rebondissements. Là encore, la nouvelle société et l’ancienne se confrontent et les personnages créés par Balzac sont  passionnants – dans leurs questionnements pour certains, dans leur certitudes pour d’autres – et fait rare chez Balzac, l’action démarre dès le début du roman.

EXTRAIT :

« L’air était si pur, l’atmosphère était si douce, qu’une famille prenait alors le frais comme en été. Un homme vêtu d’une veste de chasse en coutil vert, à boutons verts, et d’une culotte de même étoffe, chaussé de souliers à semelles minces, et qui avait des guêtres de coutil montant jusqu’au genou, nettoyait une carabine avec le soin que mettent à cette occupation les chasseurs adroits, dans leur moment de loisir. Cet homme n’avait ni carnier, ni gibier, enfin aucun des agrès qui annoncent ou le départ ou le retour de la chasse, et deux femmes, assises auprès de lui, le regardaient et paraissaient en proie à une terreur mal déguisée. Quiconque eût pu contempler cette scène, caché dans un buisson, aurait sans doute frémi comme frémissaient la vieille belle-mère et la femme de cet homme. Evidemment un chasseur ne prend pas de si minutieuses précautions pour tuer le gibier, et n’emploie pas, dans le département de l’Aube, une lourde carabine rayée.

– Tu veux tuer des chevreuils, Michu? lui dit sa belle jeune femme en tâchant de prendre un air riant.

-/…/ Non, répondit Michu, mais un monstre que je ne veux pas manquer, un loup-cervier. Le chien, un magnifique épagneul, à robe blanche tachetée de brun, grogna.- Bon, dit Michu en se parlant à lui-même, des espions ! le pays en fourmille » ( p23-24)